Sur l'importance de l'accessibilité des contenus web
Pour faire un parallèle avec le monde loin du clavier (AFK), l'accessibilité est probablement perçue par la plupart des gens comme une rampe d'accès qu'on ajoute au coté d'un escalier. Escalier, qui est bien sûr impraticable pour une personne handicapée avec une chaise roulante ou une marchette.
Sur papier cette rampe peut sembler remplir cet objectif, pourtant, nous avons tous et toutes vues ou expérimentés, même si nous n'avons pas de fauteuil roulant, des rampes d'accès qui ne tiennent pas leurs promesses. Il suffit d'être un parent avec une poussette ou un personne qui traîne un petit chariot pour faire ses courses.
Cela doit être une expérience très frustrante quand on dépend de ce genre d'infrastructure pour ses déplacements. En plus de tout le reste:
- la largeur des portes
- les poignées de porte
- les trottoirs
- les intempéries comme la neige
- les transports
- les toilettes
- etc.
Les personnes vivant avec un handicap, qu'il soit permanent ou temporaire, font face à ce manque de considération chaque jour. Et malheureusement, cette adversité se transpose également sur le Web.
Le classique c'est l'image sans description (le fameux attribut
[alt]
). Cependant, tout comme la rampe d'accès, ce n'est
que la pointe de l'iceberg.
Que dire...
- du manque de contraste
- du manque de guidage
- du manque de contexte et de rétroaction
- des champs de formulaire sans étiquette
- des contenus multimédia qui démarrent automatiquement
- du texte trop petit ou des zones cliquables trop petites
- etc.
Et, il n'est pas seulement question des gens qui ont des incapacités visuelles. Il faut penser aussi à ceux et celles qui ont des incapacités auditives et des limitations cognitives ou motrices.
De plus, indépendamment du type de handicap, il est peut-être plus difficile d'accéder au marché du travail. Ainsi posséder la connexion Internet la plus puissante ou les appareils dernier cri, ne figure peut-être pas au top de la liste des priorités.
Alors l'accessibilité peut concerner aussi la situation socio-économique ou géographique ou géopolitique. Et un site web accessible a pour but d'accueillir tout le monde.
Il était une fois...
Les problèmes d'accessibilité en ligne sont aussi vieux que le Web lui-même. Et c'est en que fut publié le premier document de recommandations sur l'accessibilité des contenus web, c'est-à-dire, le Web Content Accessibility Guidelines, plus connu sous l'acronyme WCAG.
Après tout ce temps, nous serions tentés de croire que la plupart des sites web appliquent ces recommandations. Toutefois, ce n'est malheureusement pas le cas! Au point où c'est largement ignoré par la plupart des concepteurs et conceptrices web.
Au Québec, selon une étude portant sur 1000 sites web québécois
et publiée en par le
Regroupement
des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain
(RAAMM), [...]
moins de 20% des sites Web évalués atteignent une cote
"passable" d'accessibilité
.
Sinon que dire des sites gouvernementaux qui, pour leur part sont supposément contrains à leurs propres standards sur la question, récoltent seulement une mention «passable» pour 33.33% d'entre eux.
Beaucoup croient que les personnes aveugles ou malvoyantes n’utilisent pas d’ordinateur et ne vont pas sur internet. C’est pourtant tout à fait possible avec les adaptations nécessaires, pourvu que le site Web que l’on veut consulter respecte certaines règles de conception, explique madame Pascale Dussault, directrice générale du RAAMM. Malheureusement, le RAAMM constate que les webmestres et responsables de sites ne prennent pas suffisamment en considération les règles d’accessibilité lors de la conception ou de la mise à jour de leur site Web.
Dans notre province un peu plus de 1% de la population vivent avec une déficience visuelle. Le daltonisme touche 8% des hommes et 1% des femmes. Chez les 15 ans et plus, 2,8% de la population vit avec une surdité. Pour la même tranche d'âges 10,5 % souffrent d'arthrite ou d'arthrose...
En mettant bout à bout toutes ces limitations ou ces maladies chroniques présentent dans nos sociétés, on se rend compte que l'accessibilité peut toucher bien plus de gens qu'on serait porté à croire au départ. Alors choisir de leur tourner le dos, c'est un peu tourner le dos à un frère, une cousine, à la grand-mère d'une amie, à un voisin. Puisque nous connaissons tous et toutes des personnes qui vivent avec des conditions qui les empêchent parfois d'accomplir une tâche ou d'utiliser un outil ou un service.
Le prix du bonheur
Certains pourraient se plaindre que concevoir des sites web accessibles est plus coûteux que son contraire. Qu'en est-il?
A priori, j'affirmerais que non, mais je dirais également que ça dépend. Il faut que la conception inclusive soit prise en compte dès le départ du projet. Il ne faut pas que ça soit plaqué à la fin, comme un ajout de dernière minute. Avec le temps, ces nouvelles pratiques deviendront des automatismes, tout comme la réactivité des interfaces (le responsive web design) l'est devenue.
Cependant, tous les membres d'une équipe ont besoin d'être sensibilisés à ces enjeux de conception et doivent être formé·e·s en conséquence, afin de leur permettre de comprendre, tester et challenger ce qui est mis en place.
Chez le Morse, nous faisons du design inclusif par défaut, cela fait partie de notre raison d'être. Nous considérons que c'est un pierre angulaire dans notre mission d'offrir des services en conception web plus éthiques.