Pourquoi l'éco-conception web? Pourquoi la sobriété numérique?
D'abord, il faut dire que les bénéficies de l'éco-conception dépassent largement le domaine environnemental. En effet, elle peut aussi avoir un impact positif sur l'accessibilité à vos contenus, améliorer l'expérience de navigation (UX), comme la vitesse de chargement des pages de votre site web ou même sur le référencement.
Le but étant d'adopter les meilleures pratiques de développement web tout en limitant les conséquences négatives sur les écosystèmes. Il ne s'agit ici d'être parfait à tout prix ou de suscité la culpabilité, non, cela doit rester dans la limite de nos capacités techniques et budgétaires. Nos interventions doivent être mesurables et crédibles.
Mais une chose est sûre, le numérique émet du CO2. Dès la requête de l'utilisateur, jusqu'à réponse qui lui est livrée, il y a toute une série d'étapes qui requiert de l'énergie:
- faire tourner les serveurs qui contiennent les données
- traiter ces données
- celles-ci sont généralement en plusieurs copies pour la sauvegarde ou la redondance
- transmettre ces données par différentes machines, comme les antennes, les routeurs, modems
- puis consommer lesdites données avec encore d'autres dispositifs
Sans oublier que la production même de tous les objets de cet écosystème émettent également beaucoup de gaz à effet de serre. Et on ne parle même pas de l'installation et de la réparation de la fibre optique (ou des satellites) essentielle à la transmission de tous ces paquets d'information.
Vous voyez, c'est du lourd l'immatérialité!
Chaque gigaoctet échangé peut représenter jusqu'à quelques kilos de dioxyde de carbone (CO2). Et dans un monde où les courriels reçus et les pages web visitées se comptent en centaines de milliards quotidiennement, il ne fait aucun doute qu'actuellement l'Internet fait davantage partie du problème que de la solution.
Des pages web toujours plus lourdes
Au fil des ans, les pages web deviennent de plus en plus pesantes. Tout comme le sont les applications sur nos téléphones et nos ordinateurs de bureau. Puis, que dire de l'omniprésence du «streaming», qui est sans doute la forme de consommation de contenus la plus énergivore de toutes, qui plus est, à des résolutions d'écrans qui n'apportent pas grand-chose de plus!
L'industrie du numérique semble, contrairement à bien d'autres, peu sensible (ou contrainte) à l'éco-efficacité de ce qu'elle produit. Cela conduit évidemment à des appareils avec des cycles de vie très courts. Parce que, même si ces derniers sont au fil des ans toujours plus puissants, cette puissance se trouve neutralisée par la lourdeur des logiciels et des contenus qu'ils supportent.
Difficile d'y voir autre chose qu'une grande chaîne de gaspillage de ressources naturelles et d'énergie. Cela me semble loin d'être rationnelle, en-dehors de la logique de croissance infinie que commande notre système économique.
Agir à son échelle
Au point où nous sommes, il ne s'agit pas d'avoir la prétention de sauver qui que se soit, mais seulement adresser le problème pour qu'enfin, nous puissions prendre nos responsabilités. Face à ce déséquilibre entre la technique et l'éthique, la sagesse commande l'action.
[... À suivre]